• Tout se passe bien à la campagne

    Dehors, le vent se prête à cette grisaille dont l'hiver nous embaume. Deux mois déjà que plus aucune des terres ne cultivent; les dunes de neiges qui les recouvrent maintenant n'offrent qu'un sobre spectacle monochrome. À la maison, ça va. Enfin la saison où on ne sent plus le fumier, celle où l'on analyse tranquillement sa dernière récolte en se fumant une pipe, un verre de whisky à la main.

    Quand l'obscurité se pointe, aussitôt cette femme sort de sa poche de jupe une allumette, va l'allumer et la tend aux mèches des chandelles. Cet homme prend un air sérieux, se lève pour aller donner quelques petites bûches rondes au vieux poêles à bois. Silencieusement, comme durant toutes leurs soirées, ces deux personnes se rejoignent dernièrement dans la chambre à coucher. Le rituel s'accomplit, ils se serrent dans leurs bras, s'embrassent, puis se couchent.

    Quand la solitude leurs devient trop envahissante, quand la platitude de leurs silences morbides en vient à les culpabiliser pour toutes ces pensées qu'ils ont pour l'autre et qu'ils ne disent pas, alors ils font l'amour.

    Le cri du coeur devient audible et ils lui tendent l'oreille, ils replient quelques instants sur eux-mêmes leur orgueil la plus amère, et peut-être par haine ou par joie, ils se donnent entièrement à cette extase que l'union de deux corps peut symboliser. Dehors, les flocons dansent au-delà des plaines, et s'il fait noir, le froid est bien là pour donner l'envie à toute chaleur de se montrer le bout du nez.


  • Commentaires

    1
    raf
    Mardi 19 Février 2008 à 05:19
    un autre bon texte
    nice.
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